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07.05.2020 | Beate Kittl
Au WSL, nous avons effectué pour la première fois un recensement des fourmilières en forêt. Leurs occupantes, très actives, sont en effet un maillon important de la chaîne alimentaire forestière, et elles participent également à la production du délicieux miel de forêt !
Toi aussi, tu as certainement déjà observé une fourmilière lors d’une belle journée : on peut dire que ça grouille en tous sens ! C’est un monde passionnant, car à l’intérieur, une reine unique ou jusqu’à plusieurs centaines de reines pondent sans relâche, tandis que les ouvrières, affectées chacune à une tâche précise, s’occupent de la couvée, défendent la fourmilière ou vont chercher de la nourriture. Un nid peut abriter un million de fourmis, ce qui correspond à la population de l’agglomération de Zurich.
Les forestiers et les spécialistes des insectes avaient l’impression que les fourmilières étaient moins nombreuses aujourd’hui que dans leur jeunesse. Si c’était le cas, ce serait un problème pour la forêt, car le travail des fourmis contribue à la vie des arbres et des autres plantes en ameublissant le sol et en répandant des graines. Elles se nourrissent d’insectes nuisibles comme les chenilles et sont elles-mêmes la proie des oiseaux. Et elles élèvent des pucerons, comme les humains des vaches laitières, pour le miellat, un jus sucré qu’ils sécrètent. Les abeilles récoltent également ce miellat afin de fabriquer du miel de forêt pour vos tartines du petit déjeuner.
Recensement des fourmilières
Les chercheuses et chercheurs du WSL ont donc décidé de compter les fourmilières. Ils aimeraient renouveler cette opération dans 20 ou 30 ans pour savoir alors si le nombre de nids a augmenté ou diminué. Bien sûr, ils ne sont pas partis à la recherche de chaque fourmilière. Mais heureusement, ils ont des collègues du WSL qui arpentent la forêt suisse toutes les quelques années : dans 6500 placettes de tout le pays, ils comptent les arbres et mesurent leur taille, leur diamètre et bien d’autres choses encore. C’est ce qu’on appelle l’Inventaire forestier national (voir aussi : Combien y a-t-il d’arbres en Suisse). Et entre autres, ils ont également décompté les fourmilières de 2009 à 2017.
Ils ont trouvé 371 nids de fourmis sur ces placettes, soit une moyenne d’un à deux nids par hectare (100 fois 100 mètres) de forêt. Cela fait environ un à deux millions de nids de fourmis dans toute la Suisse, beaucoup dans les montagnes, peu sur le Plateau. Les experts ont également regardé où les fourmis préfèrent s’installer. Ce sont toujours des endroits exposés au soleil levant dans des forêts aérées, avec beaucoup de conifères. La plupart des fourmilières se trouvent en altitude à plus de 900 mètres, là où poussent justement de nombreux conifères. Ils ont décrit leurs observations dans une "Notice pour le praticien".
Le groupe de fourmis rousses des bois, ainsi donc que leurs fourmilières, est protégé dans toute la Suisse depuis 1966. Les fourmis des bois ont ainsi été les premières espèces d’insectes protégées en Suisse, et il est interdit d’endommager les fourmilières. Alors, observe-les avec précaution !
Au WSL…
… les scientifiques continuent de compter les fourmilières sur les placettes d’essai de l’actuel cinquième Inventaire forestier national suisse, qui s’étend de 2018 à 2026.
… les biologistes ont également vérifié si le nombre de fourmilières est influencé par les constructions ou activités humaines à proximité, que ce soit des foyers, des voies de communication ou des parcours de santé. Mais ils n’ont pas pu trouver de dépendance. Les fourmis s’intéressent plus au type de forêt (forêt de conifères), à sa situation (dans les montagnes), et elles ne sont pas tellement perturbées par l’homme.