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La chèvre était autrefois considérée comme «la vache du pauvre», car elle fournissait du lait tout en étant moins chère et en demandant moins de nourriture qu’une vache. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, il était normal de faire paître le bétail en forêt. Mais les chèvres y causaient beaucoup de dégâts.
Les chèvres aiment en effet brouter «de haut en bas»: elles commencent par les feuilles et les bourgeons des arbres avant de se tourner vers les plantes qui poussent au sol. Elles arrachent également l’écorce des troncs et des branches, notamment sur les épicéas. C’est un arrêt de mort pour l’arbre, car la couche de croissance vivante se trouve directement sous celle-ci. Mais lorsque l’arbre est plus grand et l’écorce plus épaisse, les chèvres l’ignorent.
Destruction de la protection contre les avalanches
Les animaux peuvent également faire plier les jeunes arbres avec leurs pattes avant et réussissent ainsi à ronger les bourgeons jusqu’à une hauteur de deux ou trois mètres. Comme ce sont les jeunes arbres qui sont concernés, une forêt dans laquelle broutent des chèvres ne peut plus se renouveler à long terme. Lorsque les arbres anciens se fragilisent et meurent, il n’y a plus de nouvelle génération vigoureuse pour les remplacer.
C’était autrefois un problème, surtout dans les forêts de montagne qui doivent protéger les vallées habitées des avalanches et des chutes de pierres et qui ne pouvaient donc plus assurer cette fonction. La loi sur la police des forêts de 1902 a donc interdit la pâture en forêt, considérée dès lors comme «exploitation préjudiciable».
Auxiliaires de protection de la nature
Cette interdiction a fait évoluer profondément les forêts suisses: autrefois claires et parsemées de clairières, elles sont devenues plus sombres, avec plus de bois exploitable. Mais comme les forêts aérées offrent un espace vital à de nombreuses autres plantes, les forestiers se demandent aujourd’hui si l’autorisation du pâturage en forêt dans certains cas exceptionnels ne serait pas une bonne chose pour la protection de la nature. Cette dérogation existe déjà dans le canton d’Argovie.
Au WSL...
... les chercheurs ont étudié l’impact des chèvres sur la forêt. Il y a quelques années, le Musée suisse de la sylviculture dans le Musée en plein air de Ballenberg, Oberland bernois a voulu montrer comment la forêt était exploitée autrefois. Il a fait paître quatre chèvres pendant quelques semaines en été sur une parcelle forestière.
Les chercheurs du WSL ont vérifié le sort des arbres plus ou moins grands et des autres plantes. Effectivement les chèvres ont dévoré l’ensemble des jeunes pousses, tout en épargnant les arbres plus grands. Cette expérience a confirmé que les chèvres sont préjudiciables au rajeunissement d’une forêt, et qu’elles doivent donc rester sous contrôle étroit.